Les recettes de la cuisine politique (2)
Après avoir vu des recettes de chiffres la dernière fois voyons aujourd'hui la recette de paroles probablement la plus utilisée mais aussi l'une des plus difficiles à réaliser
Recettes de paroles.
"Les promesses n'engagent que ceux qui y croient."
Attribuée par certains à Jacques Chirac
.
Le soufflé de promesse.
Ingrédients :
Un problème de société ou un problème très frais
Des propositions simples
Quelques chiffres (une pincée)
Une tribune médiatique (télévision, radio ou grand meeting)
Un bouquet de phrases types
Préparation :
Prenez le problème majeur de société - certains préférent utiliser un problème plutôt frais
la pression fiscale ou les violences urbaines
appliquez lui une ou plusieurs possibilités de solutions de préférences simples voire simplistes (c'est meilleur) même absolument irréalisables (c'est ce qu'il y a de bien dans la promesse, vous pouvez voir les choses en grand et faire réver)
la diminution des impots ou le renforcement des forces de police
saupoudrez d'une pincée de chiffres qui devront être rares mais précis à la fois et si possible échéancés
de 30% en 5 ans ou par 400 CRS dans la semaine
faites ensuite monter votre soufflé dans la tribune (la meilleure restant bien sur la télévision) en accompagnant votre préparation d'une ou plusieurs phrases types
"Je m'y engage personnellement "ou "je suivrais ce dossier personnellement" ou encore "je vais me tenir informé heure par heure"...
Attention : la promesse est un plat unique que vous ne pourrez pas resservir une deuxième fois essentiellement à cause du goût amer qu'il laisse dans la bouche de ceux qui y ont gouté. C'est aussi un plat qui vous pousse à toujours faire plus fort surtout parce qu'une promesse n'est souvent pas tenue.
Le maitre incontesté de la promesse en France est le chef de l'Elysée.Jamais égalé, il a souvent été copié par le chef de la place Beauvau par exemple.
Nul ne savait comme Jacques Chirac vous mitonner la promesse. Il avait l'art de vous la rendre dorée à souhait, apetissante, savoureuse voire parfois généreuse. Toutes ces promesses étaient un plat unique fait à chaque fois à partir d'une base différente. Chirac travaillait toujours sur du noble, du grandiose ou du symbolique (souvenons nous de "Je me baignerais dans la Seine" ou encore "Il y a dans ce pays une fracture sociale que je m'engage à réduire"). Là où le chef de l'Elysée était un seigneur, un prince de la promesse, un maitre de l'esbrouffe et de l'embrouille, celui de Beauvau n'est qu'un boutiquier, un gagne-petit, un laborieux. Là où l'actuel président de la République accomplissait l'exploit de faire rêver une majorité de Français, et ce malgré la fustration passée d'un plat précédent qui n'avait pas tenu ses promesses, le président de l'UMP n'arrive qu'à faire s'enthousiasmer un petit cercle de proches et de partisans. Chirac nous donnait un festin , Sarkozy nous sert une soupe souvent insipide. Qui peut rêver avec une augmentation des effectifs de police, un travailler plus pour gagner plus ? Alors qu'une baisse des impôts de 30% ça en jette plus.
Mais là où les deux chefs se retrouvent c'est dans le profond goût d'amertume que laisse leur soufflé de promesse dans la bouche quand les chiffres de la préparation ont fondu.
A suivre...
Tenir et Résister