La franchise de Monsieur Sarkozy
Sarkozy se permet tout : se référer à des hommes de gauche comme Jaures ou Blum qui s'ils étaient encore de ce monde n'auraient eu probablement de cesse que de le combattre, aller à 5 heures du matin serrer la pince aux trimeurs du petit jour et leur dire que c'est pas la candidate socialiste qui viendrait les voir ou se forger à l'instar d'un Chirac en 1995 à coups de déclarations péremptoires une image d'homme qui comprend le peuple des gueux et des humbles pour gommer cette image de suppot du MEDEF qui lui colle au train. Il prétend vouloir représenter s'il était élu l'ensemble des Français de droite comme de gauche mais assez étrangement, quand on étudie les différentes mesures ou propositions qu'il a faites, on constate qu'elles changent de texture selon le public auquel s'adresse le président de l'UMP (Union des Moulins à Promesses) pour devenir plus floues ou imprécises quand le public est populaire et la mesure risque d'être impopulaire. Ainsi le "contrat unique de Travail" qui devait s'inspirer du CNE devant les chefs d'entreprises est il devenu un contrat dont les modalités seront discutées par les partenaires sociaux devant des ouvriers. A l'inverse, les propositions qui touchent les plus riches sont elles tout à fait précises et même chiffrées. Ainsi le bouclier fiscal devrait il tomber à 50% et inclure la CSG et la CRDS.
Mais revenons sur une mesure qui semble particulièrement injuste. La Franchise qui serait appliquée pour les remboursements de soins. Rappelons qu'une "franchise" c'est une somme que vous avez payée pour vos soins qui ne vous est pas remboursée ni par la Sécurité sociale ni par votre mutuelle. Son montant semblerait être selon le "Canard Enchainé" de 100€. François Fillon, toujours soucieux d'équilibrer les comptes de la Sécurité Sociale que plusieurs de ses mesures en tant que ministre de la Cohésion Sociale prétenduement prises pour supprimer le déficit n'ont apparement pas réussi à équilibrer, déclare que cette proposition doit responsabiliser les assurés. C'est trop ! Voilà des ministres de la santé qui responsabilisent les assurés à coup de déremboursements ou autres forfaits non remboursé (1€ pour les consultations et 18€ pour les soins) et se contentent de faire des recommandations aux médecins.
Maintenant regardons quels pourraient être les impacts d'une telle mesure si elle était appliquée. Tout d'abord quelques chiffres.
En 2005, le remboursement moyen effectué par la caisse maladie était de 1634€ par assuré remboursé.
Quand on regarde la répartition des dépenses de santé on constate que 50% des Français dépensent en moyenne 310€ par an. A l'autre bout 5% de la population concentre 51% des dépenses totales annuelles soit environ 26350€ par personne.
On peut logiquement penser que sur les 50% qui dépensent le moins une part importante ne consulte jamais ou une fois par an pour un montant qui ne doit pas dépasser les 100€. Donc on peut parfaitement conclure que si une franchise de 100€ était appliquée une part non négligeable (27% selon des experts de la sécu) de la population en France ne serait jamais remboursée. Et ce serait faire payer le prix lourd à ceux qui contribuent le moins au creusement du déficit de la sécurité sociale. Et conduire une part importante de cette population à renoncer aux soins ou alors (et c'est peut être ce que veut la candidat de la droite) amener les Francais à souscrire une assurance complémentaire comme aux USA où la part la plus importante des remboursements des dépenses de santé est assurée par des sociètés privées.
Par ailleurs quand on regarde la répartition des remboursements en fonction de l'age on voit que les moins de 20 ans ont un remboursements moyen de 707€, les 40-49 ans 1307€, les 70-79ans 3914€ et les plus de 80ans 5797€. Donc les remboursements augmentent avec l'age de l'assuré. On sait que les revenus augmentent avec l'age jusqu'à 60 ans environ pour ensuite se stabiliser et baisser à partir de 70 ans. Ce qui veut dire que l'on pénaliserait encore une fois ceux qui, du fait de leur baisse de revenu et de l'augmentation de leur consommation de soins pourraient difficilement supporter un tel forfait. Et aussi on sait que les anciens constituent le plus gros bataillon des bénéficiaires des remboursés à 100%. Et donc on pourrait aussi penser que ceux qui sont les plus gros contributeurs au déficit ne seraient pas pénalisés.
En conclusion quand on étudie les mesures que le sinistre de l'intérieur comme à l'extérieur envisage de mettre en place on constate souvent qu'à terme elles renforcent l'injustice.
Tenir et Résister