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le cri du peuple

Sarkozy : stulto economicus

27 Août 2008 , Rédigé par jacques vingtras

A bove ante, ab asino retro, a stulto undique caveto : prends garde au boeuf par devant, à l'ane par derrière et à l'imbécile par tous les cotés (Proverbe Latin).


Les théoriciens du libéralisme économique parlent parfois d'homo economicus. 
Cette vision absurde, partielle et irréelle évoque un individu rationnel pouvant ordonner ses préférences, analyser et anticiper le mieux possible la situation économique et politique du monde qui l'entoure afin d'utiliser au mieux ses ressources pour maximiser sa satisfaction. La somme des satisfactions maximum de ces agents économiques rationnels confrontés à un marché entièrement libre aboutit, selon ces théoriciens au bien être social.

Au regard de la politique économique et sociale menée en France,on peut plutot parler à propos du chef de l'Etat (et de ses sbires) de
stulto économicus.

Un modéle dépassé

Le fondement de la politique économique du gouvernement de Sarkozy est un (mauvais) copier-coller de la politique économique mise en place aux Etats Unis par l'administration Reagan il y a presque 30 ans. Seulement le monde de 2007/2008 n'est pas celui de 1980 et la France n'est pas les USA. De plus on perçoit amérement aujourd'hui les domages collatéraux de cette politique qui a été reprise par Bush Jr depuis 2001: appauvrissement majeur de la population, faillite du systéme bancaire, creusement des écarts entre une part infime de la population captant la majeure partie de la richesse créée et une majorité grandissante se paupérisant....

L'obsession micro-économique

Au moment où l'économie mondiale connait sa plus sérieuse crise depuis 1993, il conviendrait d'avoir une vision macro-économique englobant l'ensemble du circuit  et des agents économiques.  Elle seule permet d'agir efficacement afin de limiter les dégats, en donnant à l'Etat les moyens d'intervenir, par exemple, pour relancer ou au moins soutenir la consommation de masse, principal moteur de la croissance, ou pour augmenter l'investissement public et privé et donc la demande.
Mais Sarkozy avocat d'affaires de formation et sa ministre de l'économie, elle aussi avocate d'affaires venant du privé sont plus naturellement tournés vers la micro-économie qui place l'entreprise au coeur du systéme. Pour eux il ne peut y avoir de richesse autre que celle créée par les entreprises parce qu'intégrée dans le sacro saint PIB. On notera au passage leur quasi incapacité à faire la différence entre la croissance variable quantifiable aisément et le développement beaucoup plus difficile à aborder parce qu'intégrant des données plus empiriques parce que souvent sociologiques voire psychologiques.

Cette obsession micro-économique prend deux aspects.
D'une part leur politique continue comme sous Chirac et Villepin  d'être essentiellement tournée vers les entreprises à coup d'allégement ou éxonération de charges sociales au détriment des budgets de la protection sociale et de l'Etat, d'abaissement de TVA pour la restauration déjà bénéficiaire d'aide à l'emploi, délégation de la lutte pour le pouvoir d'achat donnée à la grande distribution...
D'autre part, ce qui est plus grave, ils veulent gérer l'Etat comme on gére une entreprise. C'est à dire sous le seul aspect comptable et financier. Peut importe les bienfaits sociaux que peut apporter telle ou telle administration ou service public, ce qui compte c'est de réduire les dépenses (enfin essentiellement celles afférentes au personnel).

La faute du paquet fiscal

Il est particuliérement interessant de noter que l'une des premières, sinon la premiére, mesures de Sarkozy nouvellement élu a été de mettre en place le fameux paquet (cadeau)fiscal qui a engendré pour le budget de l'Etat, une perte de recettes de 7 à 14 milliards d'Euros. En offrant ce paquet  fiscal qui profite essentiellement aux plus riches, Sarkozy a agi à l'inverse du fameux homo économicus rationnel qui ordonne ses préférences, analyse la situation et le monde et utilise aux mieux les ressources pour obtenir une satisfaction maximum. Certes il a indiqué ses préférences pour les plus riches mais Il a surtout commencé par réduire les ressources de l'Etat sans la moindre analyse de la situation. Et faute de ressources il est aujourd'hui incapable d'obtenir la satisfaction maximum des Français.
Depuis, après avoir baissé les recettes de l'Etat, il n'a d'autre solution que d'essayer de réduire les dépenses à grand renfort de coupes dans tous les budgets.
Et si un  besoin de financement nouveau apparait, tel les mesures en faveur des pêcheurs ou le fameux RSA, il crée de nouvelles taxes, contributions, franchises...et donc augmente les prélévements. On notera au passage l'explosion du budget de l'Etat en un tas de petites ou fortes taxes affectées à une mesure particulière ce qui remet en cause le principe d'indivisibilité de l'impot qui veut qu'on ne peut affecter une ressource à une dépense précise. De plus il est plus difficile d'arriver à équilibrer cent petits budget qu'un seul gros.
Aujourd'hui Fillon peut nous dire que "Nous n'avons pas besoin d'un plan de relance, qui serait un plan de relance artificiel" pour justifier son inaction face à une perte de croissance. La vérité est beaucoup plus triviale. L'Etat français n'a plus les moyens financiers de mener un plan pour relancer la croissance comme l'a fait le gouvernement espagnol récemment.

Résumé de la politique économique de Sarkozy 

Dans un ouvrage "Sarkonomics" sorti en Mars  2008, l'économiste  Liêm Hoang Ngoc résume assez bien l'action de Sarkozy déclinée en 10 commandements :
1. Les travailleurs tu exploiteras
2. Les chômeurs tu stigmatiseras
3. La précarité tu répandras
4. Les vieux tu feras travailler
5. Les caisses de l'Etat tu videras
6. Les bijoux de famille tu braderas
7. Des paquets fiscaux aux riches tu offriras
8. Les pauvres et les malades tu feras payer
9. Ton peuple tu ne consulteras pas
10. Tes habits neufs à la gauche tu prêteras

Ainsi va Sarkozy se fondant sur un modéle économique dépassé, avec une vision de l'économie au ras des paquerettes, agissant  et s'agitant tel un stulto economicus.

Tenir et Résister

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Commenter cet article
M
C'est vraiment bien cette taxe supplémentaire de 1,1 % sur le capital.C'est une très bonne idée pour aller chercher de l'argent chez les capitalistes comme les retraités qui vivent avec 715 euros de retraite ET le revenu capitaliste d'un petit studio qui leur rapportant 300 euros brut par mois pour complément de retraite et qui sera encore taxé de 1,1 %.C'est super, une excellente idée. Il faut bien aussi prendre l'argent chez les pauvres.Le capital taxé, la gauche doit être satisfaite; elle en a rêvé, Sarkozy l'a fait.
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