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le cri du peuple

La potion Islandaise

24 Septembre 2011 , Rédigé par le cri du peuple

Devant la menace de plus en plus forte d'une chute des banques et pas seulement de leurs cours en bourse, certains envisagent leur recapitalisation. Selon eux, ceci permettrait de renforcer leur structure et ainsi de pouvoir faire face à une dégradation de leur note par les fameuses agences de notation. Et aussi de limiter l'impact des pertes de leurs créances de dette souveraine greque ou autres en cas de défaillance des pays.

 

Fin Août, la nouvelle présidente du FMI, l'avocate d'affaires (c'est dire ses compétences en matières d'Economie Internationale) Christine Lagarde déclarait que les banques européennes avaient un besoin "urgent" de recapitalisation.

Encore dernièrement le commissaire à la Concurrence de la commission européenne, Joaquin Almunia déclarait "Malheureusement, avec l'aggravation de la crise des dettes souveraines, de nouvelles banques auront peut-être besoin d'être recapitalisées",


Interessons nous à la notion même de Recapitalisation. Selon la définition qu'en donne Alternatives Economiques, c'est l'augmentation ou reconstitution du capital social d'une société en vue de renforcer ses fonds propres mis à mal par des pertes.

Donc on voit tout de suite ce dont il s'agit en vérité. Ce n'est ni plus ni moins qu'une compensation des pertes subies par ces banques. Ce que certains appellent aussi un renflouement. 

 


Rappelons qu'en 2008, la plupart des gouvernements des pays de l'Europe et des Etats Unis avaient procédé à la recapitalisation des banques pour limiter les dégats de la crise des subprimes, qui rappelons le était due à l'origine à la cupudité extrème de ces mêmes banques qui pensaient pouvoir faire des profits sur les plus pauvres. Le résultat de ce renflouement que l'on peut observer aujourd'hui est loin d'être bon. On notera au passage que ce faisant, la dette privée des financiers spéculateurs a été transformée en dette publique des Etats qui ont renfloué les banques. 


Une question surgit à l'évocation de cette recapitalisation. Qui va injecter l'argent nécessaire au renflouement des Banques?

Les Etats Européens déjà exangues avec leur dette qui creuse les déficits et donc par voie de conséquence engendre des plans de rigueur et d'austérité de plus en plus drastiques?

Ou bien l'Europe qui ressemble de plus en plus à l'Eurodeuschland tellement la volonté allemande de ne pas payer pour les autres s'impose à tous, Sarkozy en tête?

Ou alors les pays émergents au premier rang desquels se trouve la Chine?

 


Quoi qu'il en soit, les grands perdants de cette recapitalisation seront les peuples d'Europe que l'on soumettra  de plus en plus à la rigueur  ou à l'austérité, à qui on demandera de partir à la retraite de plus en plus tard, qui subiront de plus en plus la précarité et la pauvreté. 


Jusqu'où ira-t-on dans l'ignominie?

Où est la morale quand on demande à un chômeur de payer ou de subir des baisses d'un revenu déjà maigre pour renflouer des banques qui dorénavant savent qu'elles peuvent tout entreprendre en matière d'investissement foireux, privatiser les profits et mutualiser les pertes? 

Où est la justice quand les fautes commises par les banques condamnent  les plus pauvres et les plus précaires à de lourdes peines?

Ce monde n'est plus possible. Y régnent en maître la cupidité et le sentiment d'impunité des plus riches. 


Des politiques de droite comme certains à gauche (Hollande, Vals ...), relayés par des prétendus experts économiques à la petite semaine tels l'ineffable Jean Marc Sylvestre nous disent que l'on a pas le choix. Une seule voie est possible, il faudra renflouer les banques pour permettre le maintien de l'activité économique et qui sait un jour revoir la croissance pointer le bout de son nez. 

Faux archi faux. D'autres voies sont possibles. 


On nous dit que les banques sont malades des dettes souveraines de la Grèce, l'Espagne et consorts. 

Je n'irai pas jusqu'à dire (quoi que?) "Qu'elles crévent!"

Paraphrasant Raoul Volfoni je dirais : 

Moi les banques j'les soigne, j'm'en vais leur faire une ordonnance et une sévére. A la potion islandaise que j'vais les soigner. 


En 2008, l'Islande qui avait depuis 1990 libéralisé et développé son secteur bancaire, subissait de plein fouet la crise économique. Le gouvernement islandais, à l'instar de nombreux pays, propose alors de mettre en place un plan de sauvetage des banques. 

Mais à l'inverse des autres pays l'Etat a refusé de transformer la dette privée en dette publique. L'essentiel de la dette bancaire a été payée par les créanciers eux mêmes. Enfin suite à un référendum imposé par une pétition nationale qui a regroupé plus du tiers de la population, l'Etat n'a pas apporté de garantie sur la dette ce qui a conduit ses bailleurs de fond à renégocier à la baisse les taux d'intérêt et permis l'étalement de sa dette.

Pour mettre en place son plan, l'Islande a dans un premier temps séparé les activités des banques en activités domestiques et activités internationales. 

Elle a pour ce faire créé de nouvelles entités bancaires issus des anciennes banques. Ensuite ces anciennes banques qui n'avaient que les dettes ont été liquidées. Ce qui fait que seuls les actionnaires, et autres créanciers ont eu à subir des pertes. 

 


Maintenant pourquoi ne pas appliquer cette potion aux grandes banques françaises malades d'avoir trop ingérer de dettes souveraines.

Dans un premier temps on demanderait à toutes les banques Françaises voulant la garantie de l'Etat ou présentant de fort risque de défaillance ou faillite, de séparer leurs activités en deux entités distinctes et indépendantes. D'un coté les banques dites commerciales (Dépots, Epargne et Prêt) pour lesquels l'Etat apporterait sa garantie ou dont il prendrait le contrôle (nationaliserait) si besoin est. De l'autre les banques d'investissement dont les pertes seraient supportées par les seuls actionnaires, créanciers ou investisseurs. 

 


Ainsi les dettes même celles des emprunts d'Etat resteraient privées. Et en cas de défaillance d'un pays comme la Grèce, l'Etat français ne serait pas obligé d'emprunter pour renflouer les banques nationales. 

De plus avec la séparation des activités l'Etat n'apporterait sa garantie que sur les dépots. 

Enfin cela pourrait permettre de relancer les prêts aux particuliers et aux entreprises et  quelque part de relancer l'activité économique réelle. 

Cela mettrait fin à  la situation d'égémonie de la finance qui redeviendrait ce qu'elle aurait toujours du être : une ressource au même titre que la main d'oeuvre ou les matières premières. 

 


Il serait bon de rappeler qu'à plusieurs reprises, notament lors des G8 ou G20 la plupart des participants ont dit leur envie de moraliser la finance. La séparation des activités bancaires est le premier pas à franchir pour permettre cette moralisation ou tout du moins pour contenir la spéculation. 

Rappelons nous que cette division des banques a été la règle jusque dans les années 80.

 


On le voit d'autres solutions alternatives aux solutions toutes faites et que l'on nous présente comme uniques sont possibles. 

Seulement il faut il est vrai un certain courage pour les mettre en place. Contrairement à ce que prétend Copé les mesures courageuses ne sont pas forcément toujours celles qui vont à l'encontre du peuple, des plus pauvres ou précaires mais belle et bien celles qui osent s'attaquer aux puissances de l'argent comme les banques ou politiques comme la communauté Europénne, la chanceliere allemande ou la Banque centrale Européenne. 

Tenir et Résister

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