La fatalité du libéralisme ou le choix d'en sortir
La campagne électorale qui s'achève, au moins dans sa première phase, a tenu plus du combat médiatique sur la forme, dans lequel les candidats, principalement les favoris, auront plus joué de leur image que parler du fond : leur projet. Mais n'est ce pas un peu le principe même de l'élection présidentielle, qui se veut la rencontre d'une personnalité avec le peuple, qui pousse les postulants à se mettre en avant au détriment de leur programme?
Ainsi par la volonté du candidat donné comme le grand favori de la compétition par les sondages et média, le débat a été le grand absent de cette campagne.Peut être le président de l'UMP redoutait-il que la confrontation avec les autres projets ne l'oblige à fixer son programme et le prive de la grande souplesse et liberté de promettre dont il a joué tout au long de la campagne.
Mais ne nous y trompons pas, les élections présidentielle et législatives qui suivront sont, en 2007, et peut être comme ça ne l'a jamais été sous la cinquième république, un véritable choix de socièté.
Et ce choix est clair : ancrons nous le société française de façon irrémédiable et dans la durée dans le libéralisme décomplexé et quasi universel avec Sarkozy, Le Pen ou (même s'il ne le dit pas explicitement) Bayrou ou alors tentons nous , d'en limiter la portée, d'en atténuer les effets néfastes pour les personnes les plus faibles et d'en combattre les domages qu'il peut occasionner dans la société avec la gauche, même d'une manière plus restreinte avec Royal?
La droite dans son ensemble ainsi que certains prétenduement à gauche, relayés il est vrai par une grande partie des médias, oeuvrent pour ancrer dans l'esprit des français l'idée que le libéralisme est une fatalité à laquelle notre pays ne peut échapper sous peine, mondialisation oblige, de voir notre économie s'effrondrer et prendre un retard irratrappable dans la course à l'enrichissement.
La seule et vraie pensée unique dénoncée dans les discours jadis par le candidat Chirac mais renforcée par les actions du président Chirac est bien celle qui fait de la loi du marché la seule possible et universelle.
Le néo libéralisme économique dont se revendiquaient encore récemment Sarkozy et Bayrou, avant de taire, le temps d'une campagne, leurs aspirations à voir triompher la libre concurrence; c'est laisser le marché faire fonctionner l'économie et réduire le role de l'état aux seules missions de justice, de police, de défense et aussi en partie d'éducation ou de santé.
La loi du marché est celle qui permet à l'offre ou plutot aux offres de certains mis en concurrence de rencontrer à un prix d'équilibre la demande d'autres aussi en concurrence et cela sans intervention extérieure étatique ou autre. L'économie serait ainsi composée d'une infinité de marchés, pour les produits, les services mais aussi pour les facteurs de production comme l'énergie ou la main d'oeuvre sur lesquels les acteurs seraient libres d'agir à leur guise d'où la notion de libéralisme.
Mais si la théorie peut s'avérer plaisante, dans sons application la réalité des faits s'avère beaucoup moins réjouissante pour une partie importante de la population .
Dans la réalité le libéralisme c'est :
une libre concurrence de l'offre, sensée faire baisser les prix pour le consommateur, faussée par quelques entreprises qui, occupant une position de quasi monopole; n'hésitent pas à s'entendre pour imposer leur prix; comme pour le téléphone portable par exemple
Monique B. licenciée après 15 ans dans un grand groupe de l'agro-alimentaire qui, pour verser aux actionnaires, à la recherche d'appréciables profits à court terme, des dividendes plus importants , a décidé de moins investir dans son outil de production et donc dans son avenir, de délocaliser dans les pays où la main d'oeuvre est moins chére (loi du marché oblige) et de licencier une partie de son personnel alors même qu'il vient de faire des bénéfices
Eugènie S, retraitée de 79 ans habitant un petit hameau dans les Alpes qui doit faire chaque jour 2 km à pied pour aller chercher son courrier dans sa boite aux lettres sur la place du village voisin parce que les services publics (qui n'ont pas encore été concédés à des entreprises privées) doivent développer leur compétitivité face à l'ouverture du marché et n'assurent plus le service dans certains secteurs sous pretexte qu'il n'est pas rentable
William S, habitant à Londres, qui pour gagner le minimum vital cumule trois emplois dans le nettoyage et la sécurité et qui sait ce qu'est un marché du travail déréglementé où, libéralisme et chomage obligent, les salariés sont forcés de se plier à la volonté des employeurs et d'accepter des contrats de travail précaires (tel le contrat de travail unique de Sarkozy ou universel de Bayrou) pour des emplois à temps partiels avec des salaires maintenus bas pour bénéficier des allégements de charges sociales
Une croissance du PIB,due en partie au transfert d'activité de service public vers le secteur privé et de la sphére privée vers la sphére marchande (les fameux services à la personne) mais une richesse nouvelle mal répartie dont profite pleinement une minorité de plus en plus restreinte d'actionnaires et de rentiers
Helen S. habitant Chicago aux USA, qui comme 48 millions de ses concitoyens, ne bénéficie d'aucune couverture sociale parce que ne gagnant pas assez pour se payer une assurance privée
Rémi G. qui ne comprend pas pourquoi alors qu'il travaille (à mi-temps certes) il ne parvient pas à gagner plus de 522 € (soit en dessous du seuil de pauvreté de 750€ mais au dessus du RMI à 440,86€) et qui vient grossir les rangs des travailleurs pauvres qui sont l'apanage d'une société d'économie libérale
Mohamed J. qui nouveau chomeur de 46 ans, se demande ce qu'il deviendrait dans une société où règnerait la compétition et l'individualisme qui exclut rapidement d'un systéme de solidarité rebaptisé "assistanat" par les tenants du libéralisme très limité dans le temps
Alors citoyennes et citoyens de ce pays ne croyez pas aux beaux discours de la droite et votez pour un candidat ou une candidate pour qui le libéralisme n'est pas une fatalité absolu.
Tenir et Résister